Étudier en Angleterre : le quotidien d’Hélène à Manchester

Hélène a choisi d’étudier en Angleterre après avoir réalisé un Erasmus à Manchester qui l’a tellement enchantée qu’elle a décidé d’y rester pour terminer ses études et devenir professeur de langues étrangères. Un témoignage de passionnée qui finira de vous convaincre d’aller étudier en Angleterre.

Hélène, peux-tu nous parler de toi et de ton parcours jusqu’ici ?

Bonjour à tous! Je m’appelle Hélène, je viens du Nord de la France et suis étudiante en Angleterre depuis bientôt deux ans. Après avoir étudié le droit puis l’anglais durant deux ans, j’ai décidé d’effectuer ma troisième année de licence LCE à Manchester dans le cadre du programme Erasmus. Après une année magique, je n’ai pas souhaité revenir vivre en France. Je suis restée sur ma petite île, étudier en Angleterre donc, et je suis actuellement dans une université anglaise pour devenir professeur de langues étrangères.

Partir étudier au Royaume-Uni : était-ce un choix ou une obligation ?

Mon rêve de toute petite fille était de partir vivre au pays de la reine. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours été attirée par ce pays, sa culture, ses traditions… Et j’avais un besoin urgent de perfectionner mon oral qui laissait à désirer. Aussi, je pense que quelque soi le métier auquel on se destine, quand on étudie les langues étrangères, partir est indispensable. En théorie, rien n’oblige un étudiant en langues à s’expatrier. On peut passer sa licence et son master sans jamais avoir mis un pied en dehors de la France. Je connais des personnes qui désirent devenir professeur d’anglais mais qui refusent catégoriquement de partir dans un pays anglo-saxon. Souvent, je leur demande “Et que vas-tu raconter à tes élèves à propos de la culture anglo-saxonne? Que Londres a l’air sympa et qu’un jour tu as même lu un livre dessus?”. Ce n’est pas le genre de professeur dont je rêve pour mes enfants… Ce n’est pas le genre de professeur que je voulais devenir surtout!

Qu’est ce que cette expérience anglaise t’apporte aujourd’hui ?

Mon année à l’université de Manchester est de loin l’une des meilleures années de ma vie. ça peut faire très cliché de dire cela mais cette année a été riche en rencontres et en opportunités. Déjà, je suis fière d’être partie, toute jeune que je suis, de m’être prise en main et débrouillée sans papa/maman. C’est le genre d’expérience dont on sort grandi.

J’ai pu étudier pendant un an dans l’une des plus prestigieuses université d’Angleterre:  une chance unique dans la vie d’une jeune fille issue de la classe moyenne!

La qualité de l’enseignement et des moyens mis à la disposition des étudiants m’a laissée bouche bée. La bibliothèque du campus est ouverte 24h/24 et 7j/7 ; tous les locaux sont munis d’escalators et ascenseurs, une chose uniquement réservée aux professeurs en France. Il y a un grand centre d’orientation mis à la disposition des étudiants (même Erasmus) où l’on peut s’informer, obtenir des conseils pour passer des entretiens d’embauche, parler à des professionnels pour avoir plus d’information sur les débouchés d’une filière…

Lorsque l’on arrive en début d’année, on est pris en charge par des étudiants bénévoles qui nous guident et nous font visiter le campus. Il y a des navettes campus/aéroport ou campus/grands magasins mises gratuitement à la dispositions des nouveaux arrivants. Beaucoup de fêtes et d’événements sont organisés tout au long de l’année. Pour n’en citer qu’un, des cours de sports en tout genre sont organisés gratuitement chaque semaine dans les résidences universitaires.

L’avantage en étant Erasmus, c’est que l’on peut choisir ses enseignements. J’ai donc pu découvrir le “Creative Writing”, apprendre la langue des signes anglaise ou encore analyser la culture anglaise à travers des films… Des matières que je n’aurais jamais pu étudier dans ma petite université française. Les professeurs sont très compétents et l’on peut être sûr d’étudier son sujet en long, en large et en travers. Cependant, beaucoup plus de travail personnel est nécessaire. Le cours magistral et les TD ne suffisent pas à obtenir une bonne note. Autonomie et organisation sont donc de mise ! Heureusement, il reste toujours un peu (beaucoup?) de temps libre pour explorer les environs et profiter des voyages de groupe à prix réduit.

Concernant les rencontres, j’ai partagé des moments très forts avec des personnes venues de l’autre bout de la terre. Je me suis liée d’une amitié très forte avec une étudiante chinoise, Sarah, qui m’a beaucoup appris sur son pays, son mode de vie et sa culture. Avec ma colocataire, Aneta, qui était Malaisienne d’origine Indienne, nous nous faisions de temps en temps des soirées “cuisine du monde” où chacune ramenait un plat traditionnel de son pays natal pour le faire découvrir aux autres.

Cette année m’a tellement plu que je n’ai pas souhaité retourner en France. J’ai donc fait toutes les démarches nécessaires pour m’inscrire dans une université anglaise où j’étudie actuellement pour devenir professeur. On me demande souvent “Mais tu rentres quand?”. Pour moi, la réponse est vite trouvée “Jamais!”.

Que peux-tu nous dire sur les anglais et leur mode de vie ?

Même s’il n’y a que la Manche qui nous sépare de leur petite île, les anglais sont très différents des français. J’ai trouvé les étudiants anglais beaucoup plus fêtards que les français. En revanche, ils sont aussi beaucoup plus studieux. La bibliothèque est toujours remplie, il y a très peu d’absents dans les cours et ils refusent souvent des soirées au profit de révisions. Il faut dire qu’à £9 000 l’année, redoubler n’est pas une option envisageable ici!

Autre point positif: l’ouverture d’esprit anglaise. Qu’il est doux d’être une fille et de se promener en jupe sans se faire aborder ou siffler! Je n’ai jamais vu quelqu’un se faire embêter à propos de sa tenue dans la rue. De même pour les questions religieuses ou politiques: ici, on ne cache pas ses convictions. Il y a une réelle liberté d’expression.

Les anglais sont aussi des gentlemen hors compétition! On ne va pas se mentir, le français est très franc et a tendance à se plaindre facilement. Cela est impensable en Angleterre! Ici, tout le monde est aimable, gentil et respectueux. Souvent, les personnes s’excusent même lorsqu’elles ne sont pas en tort. On dit toujours “thanks” au conducteur lorsque l’on sort du bus, “have a nice day” à la caissière… Tout est “wonderful”, “great”, “lovely” et on vous surnomme affectueusement “love” ou “darling”. Durant ma première année, j’ai trouvé cela super. Maintenant, je commence à réaliser que ces petits mots sont surtout de la politesse et que parfois les gens n’en pensent pas un mot. Mais bon, c’est toujours agréable de vivre dans une atmosphère aussi positive.

Comment s’organisent ta vie étudiante et les cours sur place ?

Quand j’étais étudiante Erasmus, c’était la belle vie. Je n’avais que dix heures de cours par semaine ce qui me laissait beaucoup de temps pour potasser à la bibliothèque ou m’engager dans des clubs de l’université (il y en a environ une centaine donc aucune excuse pour rester enfermé chez soi!). Je m’étais même engagée dans une association pour donner des cours de français à des adultes.

Maintenant que je suis en master enseignement en Angleterre, les vacances sont finies! Contrairement à la France, ici, les futurs professeurs passent le plus clair de leurs temps dans des écoles à enseigner pour se préparer au mieux à leur futur métier. En plus des leçons à préparer, nous avons des dissertations et projets à rendre, les parents à rencontrer, les cahiers à corriger, les examens à faire passer… On est vraiment plongé au coeur du métier et on n’a pas le temps de se tourner les pouces! De temps en temps, on retourne à l’université pour des séminaires et cours afin de développer notre connaissance sur la pédagogie mais ces moments sont infimes comparés au nombre d’heures passées dans les écoles. Je me sens beaucoup plus prête pour enseigner toute seule après un an de formation que si j’avais passé deux ans sur les bancs d’une fac française.

Comment as-tu trouvé ton logement ?

Durant mon année Erasmus, l’université de Manchester nous propose des chambres étudiantes sur le campus. C’est vraiment la solution de facilité même si les chambres sont petites. J’avais un 9 mètres carré, je partageais la cuisine et la salle de bain avec 8 autres filles. J’avais la possibilité de payer tous les mois ou au semestre. Maintenant, je vis en colocation avec des amis rencontrés l’an passé dans une maison où ma chambre ne ressemble pas à une cage à lapin.

Quel est le coût de la vie à Manchester ?

La vie est assez chère au Royaume-Uni, c’est vrai. Je me considère chanceuse dans le sens où ça pourrait être pire comme à Londres. D’une manière générale, on peut arriver à vivre en Angleterre et à se faire plaisir. Je suis d’une nature assez économe mais j’aime aussi me chouchouter.  Il suffit de connaitre les endroits où aller pour se faire plaisir à petit prix.

Pour les courses, il vaut mieux privilégier Aldi à Sainsburry ! Les transports peuvent vite revenir chers aussi. Heureusement, il existe des pass étudiants à moindre coût. Les sorties peuvent aussi être un gouffre financier, surtout dans une ville étudiante comme Manchester. Les pubs et bars l’on bien compris et affichent souvent des tarifs imbattables. Mon meilleur bon plan: le bar “The Font” dont la carte affiche de délicieux cocktails à £2. De même pour les boites de nuits, si l’on arrive avant minuit, le prix d’entrée est cassé voire gratuit. Pour le sport, il vaut mieux adhérer à un club étudiant qui proposera toujours de meilleurs tarifs qu’un club privé. Les musées sont gratuits, de même que les parcs. Quoi de mieux qu’une après-midi pique-nique avec les copains?

Un mot sur la ville de Manchester?

Si comme moi vous venez du Nord de la France, vous ne serez pas dépaysé ! Ici, il fait le même temps qu’à Lille et les maisons sont toutes en briques rouges! De même, l’accent du Nord (de l’Angleterre) est vraiment unique. “Bienvenue chez les ch’tis n°2”

Peux-tu nous parler de ton expérience aux États-Unis quand tu travaillais à DisneyWorld ?

A la fin de mon année Erasmus, je n’avais vraiment pas envie de retourner en France, même juste pour passer l’été. J’ai donc décidé de partir travailler trois mois à Disney World en Floride. Une amie de ma fac française avait déjà fait cette expérience un an auparavant et était revenue enchantée. Je me suis donc dis “Pourquoi pas moi?”. C’était une bonne opportunité pour continuer à développer mon anglais ainsi que de découvrir la vie et le monde du travail à l’américaine. Et puis, avoir Mickey comme patron, ce n’est pas tous les jours que cela vous arrive.

Disney a été une expérience formidable. Les américains se donnent à 200% dans leur travail, quelque soit la tâche ! Ils savent comment motiver leurs employés et comment rendre le séjour des guests inoubliables. Je ne cache pas que c’était dur parfois: les américains ne comptent pas leurs heures et les semaines de 45 heures sont bien banales là-bas. Aussi, cela arrivait de faire la fermeture du parc et de devoir revenir le lendemain pour un shift du matin. Mais ces petits moments étaient vite oubliés lorsque je rentrais chez moi pour me baigner dans la piscine mis à la disposition des cast members ou quand je profitais gratuitement des parcs lors de mes journées de repos.

Enfin, quels sont tes conseils pour ceux qui pensent partir étudier au Royaume-Uni ?

Je vous dirai de foncer car ce n’est pas lorsque l’on a quarante ans, qu’on est bien posé dans sa petite vie avec un travail stable et une famille que l’on peut partir aussi facilement à l’étranger. Erasmus et les autres programmes d’échange sont des opportunités qu’il ne faut pas louper et qui peuvent changer votre vie. Toutes les personnes qui sont déjà parties vous diront la même chose: étudier à l’étranger est l’une des plus belles expériences qui soit!

Si vous n’avez pas été pris pour partir dans le cadre d’un programme, d’autres solutions sont envisageables pour partir à l’étranger: s’inscrire directement dans l’université étrangère (renseignez vous pour connaître les prêts étudiants et bourses auxquelles vous pouvez prétendre!), partir comme assistant en langues, partir comme fille/garçon au pair, faire un road trip…

Une fois sur place, s’il vous plaît, évitez les francophones au maximum ! Du moins les premiers mois. Vous partez pour développer votre langue étrangère et pour découvrir de nouvelles cultures et coutumes. Votre français n’a pas besoin d’être pratiqué dans cette perspective!

Aussi, avant de partir, j’aurais aimé qu’on me dise qu’il est normal de se sentir un peu déstabilisé au départ, que les premières soirées avec des amis,  ou le fait de suivre une conversation ou d’y contribuer sera difficile car il faut s’adapter à n’entendre, à ne parler, à ne penser que dans la langue étrangère (chose épuisante). ça m’aurait beaucoup rassuré de savoir cela avant de partir.

Enfin, j’aurais aimé qu’on me dise qu’il n’y avait pas de quoi avoir peur et que ce n’est que du bonheur qui m’attendait!