Solène, partie étudier au Vietnam

Solène, étudiante en commerce, est partie étudier au Vietnam, à Hanoi. Elle nous raconte cette expérience unique d’un an et donne quelques conseils pour les jeunes qui souhaitent partir comme elle !

Bonjour Solène, peux-tu dire quelques mots sur toi ?

Bonjour à tous ! Je m’appelle Solène, j’ai 24 ans, j’étudie le management en école de commerce à Bordeaux (KEDGE BS) et l’an dernier je suis partie vivre au Vietnam pendant un an.

Pourquoi as-tu choisi de partir étudier au Vietnam ?

Si je me suis décidée pour le Vietnam (Hanoi pour être plus précise), c’est d’abord parce que… J’avais un petit faible pour les bridés. Plus sérieusement, j’avais envie de vivre quelque chose de complètement différent, de chambouler mes habitudes, d’en prendre plein les yeux; et je n’ai pas été déçue une seule seconde !

Comment s’est passée ta demande de visa ?

Dans mon cas, il n’a vraiment pas été compliqué d’obtenir un visa d’un an puisque j’allais être étudiante là-bas. Je suis tout simplement allée à l’ambassade du Vietnam, à Paris, avec un document officiel transmis par mon université partenaire et le tour était joué. En 1h max, je ressortais du bâtiment avec mon visa. Il est également possible d’obtenir un visa tourisme de 1 à 3 mois, renouvelable en sortant du territoire. La plupart de mes amis stagiaires fonctionnaient comme ça car leur entreprise n’avait pas les moyens de payer leur permis de travail.

Dans quelle école étudiais-tu ? Comment c’était ?

J’étudiais au CFVG Hanoi (Centre Franco Vietnamien de Gestion) dans le programme MBA deuxième année. Mon emploi du temps n’était pas très chargé, entre 9h et 21h de cours par semaine et souvent une à trois semaines de libres entre chaque séquence de cours . Je suivais des cours du soir (18h à 21h30) car au Vietnam, pour entrer en master, il faut souvent un à deux ans d’expérience professionnelle pour pouvoir postuler. La grande majorité des étudiants vietnamiens était donc plus âgée et travaillait la journée. Vous l’aurez compris, j’avais donc beaucoup de temps libre; et c’était appréciable ! Côté enseignement, les intervenants étaient français ou vietnamiens selon les séquences. Les cours étaient donnés en anglais, ce qui n’était pas de la tarte pour une bonne moitié des professeurs. Pourtant dans l’ensemble les cours étaient plutôt bien fait, la qualité de l’enseignement valait, à mon avis, celle de KEDGE Business School.

Quel est le coût de la vie à Hanoi ?

Question difficile, parce qu’à Hanoi on trouve de tout ! On peut choisir de vivre dans une maison vietnamienne en colocation avec des étrangers pour 150-250$ par mois, dans appartement un peu plus récent pour 300-350 $ si on le partage, ou encore dans un logement seul pour 400-700$. Pour ce qui est de la cuisine, vous ne manquerez pas de choix; des restaurants de rue sont visibles sur les trottoirs tous les 50 mètres au minimum. Il faut compter entre 1 et 3 $ pour un repas. Il existe aussi beaucoup de restaurants étrangers : indien, français, polonais, italien… Mais un budget un peu plus conséquent, disons entre 5 et 15$ , est nécessaire pour manger dans ce type d’endroit. Ensuite, il faut prévoir la location d’une moto pour se déplacer (35$/mois) ou l’achat (à partir de 250 dollars pour quelque chose de correct ). Vous pouvez également prendre le bus mais il ne faut pas être pressé; ou le taxi, en revanche le budget sera alors tout de suite plus conséquent. Personnellement, une fois habituée au trafic, j’étais très contente d’avoir ma petite moto.

Tu conduisais un scooter là-bas ? Comment faisais-tu ?

Ahaha, le fameux scooter, la terreur des touristes ! La première semaine à Hanoi, il faut l’avouer, je n’en menais pas large et j’aurais facilement pu me mêler à la masse craintive des voyageurs qui cherchaient à traverser la route. La deuxième semaine, je me suis lancée; j’ai loué un vélo ! Début Septembre, sous 40 degré, ce n’était peut-être pas l’idéal mais j’ai commencé à prendre confiance sur la route. Puis ensuite, comme la plupart des expatriés, j’ai loué et finalement acheté mon scooter. Si vous restez pour une période d’un an ou plus, ça vaut vraiment le coup (financièrement parlant) d’acheter votre bécane. Il faut juste se méfier des arnaques, emmenez un pote qui s’y connait en mécanique, renseignez-vous sur les prix du marché et assurez-vous que le vendeur dispose des vrais papiers de la moto. Un petit conseil au passage, toujours vérifier que la marque inscrite sur le moteur corresponde bien à celle de l’engin. (Honda en règle générale). Concernant le code de la route, il en existe un bien sûr mais vous vous en doutez, personne ne le respecte. Alors méfiez-vous des intersections, roulez doucement, pas trop près des bus et tout se passera bien. En un an, je n’ai jamais eu un seul accident.

Où vivais-tu ? comment état ton logement ?

Pour ma part, avec un budget d’étudiante, j’ai opté pour une colocation avec d’autres expatriés dans une maison vietnamienne. J’ai vraiment adoré ! On était entre 6 et 7 à la maison : des prof d’anglais, des stagiaires, des étudiants; tous des jeunes entre 20 et 30 ans d’horizons différents (anglais, américain, vietnamien, hollandais, français, néo-zélandais). J’ai eu beaucoup de chance, dans l’ensemble tous mes colocs étaient très sympas et savaient ce que signifie vivre ensemble (hygiène, bruit, respect des biens d’autrui). Le seul bémol c’est l’hiver, et oui parce qu’il y a un hiver dans le nord du Vietnam ! Il fait froid, humide et les maisons vietnamiennes sont mal isolées et n’ont pas de système de chauffage central. On s’accommode comme on peut: bouillotte, couverture chauffante, chauffage portatif… Il y a toujours une solution.

Comment as-tu trouvé un logement à Hanoi ?

Honnêtement ce n’est pas difficile de trouver un logement convenable; surtout si l’on compare au calvaire des étudiants dans n’importe quelle grande ville française. Il existe un groupe Facebook (Hanoi Massiv) sur lequel les gens postent des photos de leur chambre quand ils s’en vont. Il est aussi possible de poster une annonce pour dire que vous cherchez un nouveau chez vous. Il existe aussi ce site http://tnhvietnam.xemzi.com/fr, grâce auquel j’ai trouvé ma chambre. Si vous cliquez sur la catégorie housing/rooms, vous trouverez de nombreuses annonces de chambres disponibles dans toute la ville. Côté précautions, faites attention à l’isolation et au bruit ! Mes voisins avaient un coq, une vraie plaie. Je vous conseille les quartiers de Ba Dinh (familial et calme), de Tay Ho (quartier des expat) ou d’Hoan Kiem (la partie Sud Ouest, proche de la gare).

As-tu bénéficié d’une bourse ?

Non, pas de bourse malheureusement. La bourse Erasmus concerne uniquement les pays d’Europe et je n’ai pas été plus chanceuse avec la bourse Aquitaine (bourse de ma région d’étude).

Tu as également fait du bénévolat, comment as-tu rejoint une association ?

Comme je le mentionnais précédemment, j’avais beaucoup de temps libre dans mon emploi du temps. Le volontariat m’a semblé une manière agréable de m’occuper. J’ai rencontré la directrice de l’association YWAM (Youth With A Mission) peu de temps après mon arrivée. Son contact m’avait été donné via un stage mais je suis certaine qu’il est facile de trouver des associations sur internet, puis de faire connaissances avec les responsables une fois sur place.

Tous les membres de l’association étaient vietnamiens et pour la majorité salariés. Au début, ce n’était pas forcément évident de s’intégrer car, bien que tous les employés parlaient à peu près anglais, les potins des pauses déj étaient racontés en vietnamien. Toutefois, un peu de patience, de bonne volonté et un grand sourire ont vite compensé la barrière de la langue.

Au sein de l’asso, je m’occupais principalement de la communication : newsletters mensuelles, rapport annuel, vidéos… Difficile de s’impliquer au-delà car la plupart des interactions avec les bénéficiaires de leurs services se déroulaient en anglais. YWAM est une association qui a pour objectif l’empowerment des populations défavorisés. Au Vietnam, ils financent des orphelinats et des librairies pour enfants. Ils donnent des formations sur l’élevage et l’agriculture tout en proposant des microcrédits. Ils aident également les chefs d’entreprises à créer de l’emploi en leur enseignant les bases du management.

Les vietnamiens sont-ils accueillant ? Que penses-tu d’eux ?

Les Vietnamiens du nord ne sont pas tous à mettre dans le même panier. Je dirais que, tout comme en France, certains sont très aimables et d’autres plutôt rustres et impolis. Cela dit l’austérité dont ils peuvent parfois faire preuve s’explique facilement par l’Histoire. Entre les invasions mongoles, chinoises, françaises et américaines; ils n’ont cessé d’être en guerre et ont appris à vivre à la dur. Les voyageurs ont parfois tendance à les trouver hypocritement agréables et trop intéressés par leur argent. Lorsqu’on vit ici, c’est différent, on rencontre tous types de personnes, pas uniquement des vendeurs de souvenirs ou le personnel des tours opérateurs. Les relations que j’ai pu entretenir avec mon voisinage, mes camarades de classe, mes collègues, la vendeuse de fruits du bout de la rue… étaient toutes aussi plaisantes qu’enrichissantes. C’est un pays dans lequel il faut sortir des sentiers touristiques pour apprendre à apprécier son peuple.

Que préfères-tu au Vietnam ?

J’aime ce pays qui grouille de vie, ses villes où les habitants passent leurs journées assis au bord de la rue, les odeurs de viande grillée à l’heure du déjeuner, le café local qui vous tient éveillé pour les prochaines 24h, le marché aux tissus d’Hanoi (véritable caverne d’Ali Baba aux milles couleurs et textures), les séances d’exercice autour des lacs et des parcs à 5h du matin, les smoothies avocat/bananas/ananas (de loin le meilleur !) à déguster sans modération sur un petit tabouret en plastique, l’incontournable Phở Gà qu’on engloutit à n’importe quelle heure de la journée, les amoureux qui s’enlacent au bord du lac une fois le jour tombé, les promenades dans les ruelles sinueuses de mon quartier, les Bia Hoi où l’on se retrouve entre copains pour bavarder une bière à la main.

Qu’aimes-tu le moins ?

J’aime moins affronter le trafic et la pollution aux heures de pointe, subir ma voisine et sa passion pour le karaoké du dimanche matin, me faire doubler dans la queue du supermarché, revenir trempée jusqu’à la moelle parce qu’aujourd’hui j’oublié ma cape de pluie, les policiers corrompus qui attendent au coin d’un carrefour de se jeter sur leurs proies, les vendeuses d’Hoan Kiem qui pensent que je vais acheter leurs mangues pour 100 000 dong le kilo, et finalement gardons le meilleur pour la fin, l’illustre coq de mes voisins !

Quels sont tes projets aujourd’hui ?

Vous l’aurez compris, j’aime ce pays et un an c’est trop court alors autant faire durée le plaisir. J’ai donc décidé d’y retourner, à Ho Chi Minh Ville cette fois-ci, pour chercher du boulot, mon premier job ! Qui ne tente rien n’a rien, je me lance un peu sans filet mais ça vaut vraiment la peine d’essayer.

A tous les futurs expats ou étudiants hanoiens, j’espère que ces quelques éclaircissements vous auront été utiles. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon vent !