Noellie a réalisé son rêver de partir vivre à Tokyo. Elle explique comment préparer son départ et quels sont les avantages et inconvénients d’étudier au Japon.
Bonjour Noellie, est-ce que tu peux te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Noellie et j’ai 20 ans. Je suis actuellement en troisième année de licence en sciences politiques, sciences économiques et sciences sociales. Je vis actuellement à Tokyo et cela depuis bientôt 2 mois dans le cadre de mes études : je passe un semestre en tant qu’exchange student à Sophia University (上智大学).
Pourquoi as-tu choisi de partir étudier à Tokyo ?
En réalité ce n’est pas moi qui ai choisi le Japon, c’est le Japon qui m’a choisi. J’ai toujours été fascinée par la culture japonaise et ce depuis mon enfance. Partir m’installer au Japon, c’était donc vraiment un rêve pour moi.
Tokyo était la ville qui m’intéressait le plus car présentant les deux aspects de ce pays qui me fascinent à savoir le côté vraiment traditionnel japonais au travers des nombreux temples Shintô, musées de l’art de l’Ukiyo-e (浮世絵) et autres lieux qui ont écrit l’histoire de cette culture ancestrale. Mais également le côté moderne du Japon avec son avance technologique mais aussi par exemple sa culture manga.
Est-ce que Tokyo est exactement comme tu te l’imaginais avant de partir ?
Tokyo est une ville encore plus incroyable que ce que j’imaginais avant mon départ. J’avais en tête l’image d’une ville où tout paraîtrait complètement décalé, sans limite au niveau de l’imagination que les japonais peuvent avoir.
Et c’est une ville encore plus inventive, plus colorée, plus kawaii* que ça. On peut tout trouver ici même les choses les plus folles. Mais cela étant sans perdre de vue les traditions qui se retrouvent dans de nombreux quartiers de cette immense ville et dont l’atmosphère emplie de sérénité est encore plus extraordinaire que ce à quoi je m’attendais.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ton logement ?
J’ai choisis l’option de la Sakura House (sharehouse), c’est à dire une maison partagée avec d’autres personnes qui dans mon cas sont tous des étrangers venus également travailler ou étudier à Tokyo. Cette « colloc » improvisée est une bonne alternative à la location d’un appartement en sachant que les loyers à Tokyo dépassent ceux de Paris.
J’ai une chambre privée avec bureau, frigo et dressing et j’ai accès comme le reste de mes collocs aux parties communes de la maison c’est à dire salon, cuisine, terrasse, plusieurs salles de bains et toilettes.
Comment as-tu trouvé ton logement ?
Une étudiante de mon université à Paris qui était allée à Tokyo l’année d’avant m’avait conseillé de prendre une maison partagée et non l’option du dortoir de l’université japonaise car celui-ci était à plus d’une heure de métro de cette dernière.
Elle m’a donc aidé en me donnant l’adresse du principal site pour trouver ces collocations : https://tokyosharehouse.com/eng/. On peut ainsi choisir en fonction du quartier de Tokyo dans lequel on souhaite résider, très pratique pour trouver un logement proche de notre lieu de travail / d’études.
Dans quelle langue étudies-tu ?
Tous mes cours sont en anglais, sans exceptions. Il faut être muni d’un bon TOEFL (diplôme d’anglais) car la majorité des étudiants parle anglais couramment (ils sont bilingues ou natifs anglais) et donc les professeurs font leurs cours en fonction de cela (très bon niveau d’anglais exigé).
Est-ce que tu penses qu’il faut savoir parler japonais ou anglais pour étudier à Tokyo comme tu le fais ?
Savoir bien parler anglais est primordial, la majorité des personnes que l’on rencontre ici vient de pays anglophones et ne parlent ainsi pas un mot de français. Les étudiants francophones sont beaucoup plus rares et sachant que les cours sont tous exclusivement en anglais à l’attention d’anglophones, il est impensable de ne pas savoir parler anglais.
Pour ce qui est du japonais, j’ai appris quelques mots avant mon départ qui m’ont été très utiles car la majorité des japonais ne parlent pas anglais ou alors très très peu. Cela est problématique notamment lorsque l’on veut demander son chemin ou demander un renseignement dans un magasin. Donc je dirais que ce n’est pas obligatoire de savoir parler japonais mais connaître deux trois mots peut vraiment vous sauver la vie par moments.
As-tu remarqué des différences entre les études en France et celles au Japon ?
En tant qu’étudiant étranger on a beaucoup moins d’heures de cours que les japonais et que ce dont on a l’habitude en France.
Les professeurs sont à l’écoute et savent que ce n’est pas évident d’être loin de chez soi et donc font toujours tout pour nous aider. Les horaires fonctionnent sur le même modèle qu’aux Etats-Unis c’est-à-dire par période d’une heure et demi (6 périodes dans une journée).
Les japonais étant mis sous pression durant tout leur collège et leur lycée afin d’atteindre les « top universities » ont tendance à se relâcher à l’entrée à l’université et adoptent une manière de travailler plutôt décontractée.
Comment se passent tes échanges avec les japonais ? Peux-tu dire qu’ils sont accueillants ?
Les japonais ont été très accueillants dans mon université, ils m’ont beaucoup aidée avec tout ce qui est administration ou problèmes du quotidien au Japon.
Dans la rue également même si la plupart d’entre eux ne parlent pas anglais, ils vont tout faire pour vous aider. Il y a un sens de l’accueil, du respect et de la solidarité très important. De plus les étudiants japonais sont toujours contents et curieux d’en apprendre plus sur les cultures étrangères.
Comment s’est passée la demande de visa ? Quel visa as-tu ? Combien a-t-il couté ?
J’ai un visa d’étudiant qui me permet de rester un an au Japon bien que je n’y reste que 6 mois en réalité (cette période est automatiquement mise sur les visas). Tout m’a été expliqué par mon Université japonaise qui m’a également envoyé mon « Certificate of Egibility » (COE) par la poste, ce document étant obligatoire dans le dossier de demande.
Cela se fait très facilement une fois que l’on a reçu le COE, il ne reste plus qu’à joindre une photo, son passeport et le papier de demande de visa rempli (à trouver sur le site de l’ambassade du Japon en France). Il coûte 21€ et il faut se rendre assez tôt à l’ambassade pour ne pas avoir à patienter plus d’une heure.
Attention à l’arrivée à Tokyo à ne pas oublier de se faire enregistrer à la marie de votre quartier de résidence (city office) qui est une démarche gratuite.
Quel est le coût de la vie à Tokyo ? On dit que c’est hors de prix, est-ce que c’est vrai ?
La vie à Tokyo n’est pas hors de prix en termes de dépenses quotidiennes : la nourriture n’est pas chère du tout à l’exception des fruits et produits importés, manger dehors vous coûtera beaucoup moins cher qu’en France.
Pour ce qui est du métro, des pass saisonniers sur un, deux ou trois mois existent qui vous permettent de ne pas payer vos trajets quotidiens entre votre lieu de résidence et votre lieu de travail / étude. La majorité des musées sont gratuits pour les étudiants et la plupart des lieux touristiques le sont également comme les jardins du palais impérial.
Ce qui coûte le plus cher ce sont probablement les vêtements car les grandes marques comme H&M sont toutes importées.
Peux-tu nous donner une idée du coût à envisager pour un mois à Tokyo ?
Pour récapituler, le loyer en maison partagée est situé entre 500€ et 800€ par mois (je paye actuellement 600€ par mois). Si vous avez le choix avec un dortoir rattaché à votre université cela vous coûtera dans les alentours de 400€. Pour les loyers des appartements entiers dans Tokyo, compter au-dessus de 800€ par mois.
Pour ce qui est de la nourriture les prix sont vraiment bas et vous pouvez compter avec moins de 2,5€ de nourriture par jour, si vous cuisinez par vous-même et moins de 9€ par jour si vous mangez le midi et le soir dans Tokyo (pour des restaurants, snacks moyen de gamme).
Le coût d’un ticket de métro varie entre 165 yen (soit environ 1,5 euros) et 280 yen pour les longs trajets (2,5€ correspondant à 45 minutes ou plus de trajet). Et enfin les pass pour trois mois vous permettant de ne pas payer vos trajets quotidiens jusqu’à votre lieu de travail / études sont autour de 130 euros.
Pour sortir, privilégiez les « izakayas » ou bars japonais aux boites de nuits qui ont une entrée à plus de 20€ parfois dans des quartiers comme Shibuya. De plus le prix de l’alcool dans ces bars est relativement bas.
Quelles sont les choses que tu préfères à Tokyo ?
Définitivement le fait de me réveiller tous les jours en me disant que je vais encore voir quelque chose de complètement nouveau et insolite.
Les temples sont des endroits privilégiés pour se promener et sont entourées de très jolies petites boutiques vendant des produits traditionnels et mets locaux comme le quartier d’Asakusa. Le quartier d’Harajuku est sûrement mon endroit préféré car très animé, renvoyant cette image d’un Japon pop et décalé mais également abritant un très beau temple dans le parc Yoyogi qui le borde.
La vie de nuit tokyoïte est également géniale notamment à Shibuya connu pour être le meilleur quartier où faire la fête de Tokyo.
Quelles sont les choses que tu aimes le moins ?
C’est difficile de trouver un défaut à cette ville car parfois ses inconvénients font son charme. Mais pour répondre, je dirais les heures de pointes dans le métro qui sont particulièrement désagréables à cause de la marée humaine tentant de rentrer dans les wagons par tous les moyens possibles et compressant au possible les passagers.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui voudrait partir étudier au Japon ?
Un conseil pour l’arrivée dans cette ville serait de ne pas paniquer même si tout semble tellement éloigné de ce que l’on connait. On s’habitue vite à la vie là-bas et petit à petit on découvre les trésors que cette ville a à offrir, nous donnant l’envie de ne plus la quitter.
Donc il faut vraiment profiter du temps passé au Japon car c’est un pays exceptionnel, avec une population très attachante bien que réservée au premier abord et franchement s’attendre à un séjour inoubliable qui vous marquera pour le reste de votre vie.
Note : *kawaii = mignon, beau
Publié par Bérénice
Co-fondatrice de "Jeunes à l'étranger". J'ai étudié 1 an au Japon, 1 an en Angleterre et j'ai fait un stage à Berlin dans le webmarketing.