Annaëlle est une jeune français qui a décidé de partir étudier à l’étranger avant de passer son bac en France. Elle a choisi d’étudier en Indonésie avec l’association AFS qui lui a permis de vivre une année dans une famille d’accueil bénévole. Attention, chocs culturels garantis, une expérience poignante…
Bonjour Annaëlle, peux-tu te présenter ?
Je viens d’avoir 20 ans, je suis d’origine alsacienne, mais j’habite dans le Rhône depuis 10 ans maintenant. Je suis en deuxième année de langue étrangère appliqué (LEA) anglais allemand à Lyon.
Qu’est-ce qui t’as donné envie de partir 1 an à l’étranger avec AFS ?
A l’époque, je trouvais ma vie de lycéenne en France beaucoup trop banale. Je m’ennuyais, je me sentais pas épanouie. J’avais envie de bouger, de voir du monde, d’oser faire quelque chose de dingue.
Je ressentais un besoin de partir à l’aventure, de laisser ma vie pépère de côté pour me bouger un peu. Après plusieurs mois de réflexions, je me suis décidée à tenter l’expérience avec l’association AFS sans frontière.
Pourquoi avoir choisi de partir en Indonésie ?
Je voulais absolument partir dans un pays radicalement différent du mien. Je souhaitais partir dans un pays avec une religion bien ancrée dans la culture mais autre que le christianisme. Je me suis donc tournée vers des pays d’Asie, plus particulièrement l’Inde, la Thaïlande et l’Indonésie. Après quelques recherches, j’ai choisi l’Indonésie, parce que sincèrement… Je ne connaissais rien de ce pays, je n’en avais que très peu entendu parler, donc raison de plus pour partir là-bas !!
Pourquoi être partie juste avant le bac ? Est-ce que tu penses que c’est le meilleur moment ?
Avec le recul, je pense que c’était la bonne chose à faire, ça me permettait d’avoir une coupure avant la pression du bac et tout le chamboulement qui s’en suivrait. Je savais que c’était trop risqué de partir après le bac, j’avais peur de ne pas avoir la motivation de reprendre mes études. Je savais qu’en partant pendant mon lycée, je serais obligée de retourner au lycée et de passer mon bac.
Combien de temps à l’avance as-tu préparé ton départ en Indonésie ?
En septembre j’ai commencé à réfléchir au fait de partir un an, puis en décembre j’ai contacté l’association AFS pour leur expliquer mon projet, et ils m’ont ensuite accompagnée du début à la fin.
As-tu rencontré des difficultés particulières dans les préparatifs ?
Je n’ai pas vraiment rencontré de difficultés particulières car j’avais toujours l’association pour m’aider. Le plus long et compliqué était les papiers, je devais recueillir des commentaires favorables d’un de mes profs, faire une lettre de motivation en anglais, mon père devait aussi faire une lettre me décrivant. Mais rien d’impossible, dans l’ensemble je n’ai pas rencontré de réelles embûches.
Quel budget faut-il prévoir pour une expérience d’un an ?
Sachant que je partais via une association, je leur payais à eux une somme directement dès le départ pour pouvoir ensuite être pris en charge une fois la bas.
Peux-tu nous en dire plus sur la famille où tu étais logée ?
J’étais logée dans une famille d’accueil bénévole qui se composait de Edy le papa, Warda la maman et 4 enfants: Adam, le plus grand des fils âgé de 25 ans, Andra, 22 ans qui n’était pas là car il faisait ses études dans une ville loin de chez nous, Annisa, qui était en seconde à l’époque et Asty qui était en quatrième. C’était une famille de classe moyenne, mon père travaillait pour la ville et ma mère était prof d’anglais. Le contact est très bien passé entre nous, même si le début était difficile. Je les considère aujourd’hui comme ma deuxième famille.
Comment se passent les cours là-bas ?
J’étais donc scolarisé dans un des nombreux lycées publiques de ma ville en classe de première “littéraire”.
L’uniforme est obligatoire, donc c’était jupe longue tout les jours et chemise blanche. Tous les lundi matin il y a la cérémonie du drapeau, cérémonie ou on chante l’hymne national et où le proviseur fait un discours.
Pour ce qui est des cours eux-mêmes, c’est très spécial. Le souci, c’est que les profs viennent faire cours quand ils le souhaitent. Je m’explique: une journée typique de cours commence à 7h15 et finit a 13h. Dans une journée, j’ai rarement (voire jamais) eu cours non stop de 7h15 à 13h, car soit le prof ne venait pas, ou alors il venait pour un quart d’heure puis repartait. Les élèves s’occupent donc comme ils le peuvent: ils regardent des films d’horreur, ils mangent, rigolent…
En revanche, quand un prof vient faire cours, c’est absolument génial. La relation prof-élève est absolument fantastique, il y a toujours un grand respect mais en même temps, rien ne les empêche de venir manger chez leur prof un soir.
Lors des examens, malheureusement, il y a énormément de triche, et même possibilité d’acheter les réponses. J’ai pu passer là-bas l’équivalent du bac de français : les élèvent avaient leur portable, parlaient entre eux et le prof faisait comme si de rien n’était.
En résumé, l’école a quand même joué un gros rôle dans mon échange, car j’y passais la plupart de mon temps, et c’est là-bas que j’ai fais mes plus belles rencontres.
As-tu connu d’autres chocs culturels ? Peux-tu nous raconter ?
Oui bien sur, il y en a eu beaucoup des chocs culturels. L’Indonésie, c’est tellement différent de tout ce que j’avais pu voir auparavant.
La pauvreté m’a énormément frappé au début. Il y a beaucoup d’enfants qui font la manche, sans que personne se préoccupe d’eux. Il y a beaucoup de bidonvilles complètement délabrés, avec 10 personnes entassées dans chaque “maison”; et à côté de ça il y a des énormes maisons avec des domestiques et des chauffeurs, mais ça ne choque personne.
Et puis simplement, la culture. Là-bas tout est différent. Le respect est une des valeurs les plus importantes, on apprend aux enfants dès leur plus jeune âge à respecter leurs aînés: le signe de respect, c’est prendre la main de son interlocuteur et le porter contre son front.
La religion aussi a une place très importante au quotidien, et de voir tellement de mosquée, de femmes voilées, d’entendre l’appel à la prière 4 fois par jour résonner dans toute la ville. C’est tellement impressionnant au début, j’étais complètement perdue pendant le 1er mois, je découvrais tellement de nouvelle sensation d’un coup, c’était très fort !
Quelles sont les choses que tu préfères en Indonésie ?
Alors, tout simplement, les gens: je n’ai jamais rencontré des personnes aussi accueillantes, bienveillantes, et d’une gentillesse qui m’a souvent beaucoup émue. Ils n’avaient rien, mais ils insistaient pour tout le temps pour donner, sans jamais rien attendre en retour.
Ils sont très curieux, et c’est beau de voir à quel point ils étaient fascinés de me voir, ils avaient des étoiles dans les yeux quand je leur disais que je venais de France. J’ai fais pleins de rencontres différentes pendant cette année, mais chaque personne que j’ai rencontré m’a laissé un petit quelque chose.
J’étais obligé aussi de parler de la nourriture, parce que je pense que c’était une de mes choses préférées. La nourriture indonésienne, c’est succulent ! l’aliment de base là-bas c’est le riz : donc matin, midi, soir et à 4h on mange du riz. Et tout le reste se cuisine fris. des pâtes frites, du poisson frit, des bananes frites, du tofu… La nourriture est variée, certes très grasse mais succulente ! Et puis, on mange par terre, avec les doigts ! Je me suis jamais autant régalée en une année!
Les choses que tu aimes moins ?
Je dirais la place de la femme. J’ai eu beaucoup de mal à certains moments à accepter le fait que là-bas, la femme n’a pas le même rôle que l’homme.
La femme se doit d’obéir à son mari/père/grand frère. On doit toujours demander la permission à un homme, et on doit faire la vaisselle, s’occuper de la maison.. C’est une société où l’homme est clairement supérieur à la femme, et ce fut souvent très dur a accepter.
Surtout quand du coup mon père d’accueil ne me permettait pas de faire ce que je voulais. C’était compliqué de sortir le soir, impossible de sortir avec un garçon ou d’aller dormir chez une copine pour une nuit. Au final, oui c’était dur, mais j’ai pu avoir des chouettes débats avec ma famille d’accueil, et j’ai pu apporter mon grain de sel et leur montrer ma vision des choses.
Et aujourd’hui que fais-tu ? Quels sont tes projets ?
Je suis maintenant en 2ème année de langues étrangères appliquées à la fac, j’étudie l’anglais et l’allemand.
Je n’ai toujours aucune idée de ce que je veux faire par la suite, j’aimerais beaucoup travailler à l’étranger, mais bon, rien de très concret pour le moment. Je compte retourner en Indonésie, pour revoir ma famille et mes amis qui me manquent beaucoup; et puis voyager dans les îles d’Indonésie que je n’ai pas encore vu !
Quels conseils donnerais-tu à un lycéen qui souhaite partir étudier à l’étranger dans son bac ?
Le seul conseil que je peux te donner, c’est juste vas-y, fonce, lance toi, n’aie pas peur de l’inconnu ! Et puis partir pendant le lycée c’est bien, parce que quand tu rentreras, t’auras la motivation de passer ton bac pour pouvoir après être libre de repartir dans ton pays d’accueil !
Si vous êtes curieux et que vous souhaitez découvrir l’expérience d’Annaëlle plus en détails, voici l’adresse du blog qu’elle a rédigé durant son année en Indonésie : http://annaelle-indonesie.blogspot.fr/
Publié par Bérénice
Co-fondatrice de "Jeunes à l'étranger". J'ai étudié 1 an au Japon, 1 an en Angleterre et j'ai fait un stage à Berlin dans le webmarketing.