Benjamin, étudiant en commerce international, est parti faire le 4L Trophy au Maroc. Il nous raconte dans cette interview comment il a réussi à trouver le budget nécessaire, préparer la 4L et décrit ses aventure là-bas. Attachez vos ceintures !

Benjamin, peux-tu te présenter et nous donner ton parcours ?
Je m’appelle Benjamin, j’ai 24 ans, passionné de sports, de mangas et collectionneur de veilles consoles (rétrogaming). Je suis actuellement en master de commerce international à la Catho de Lille. Avant cela j’ai eu mon bac ES au lycée du sacré coeur de Tourcoing, puis un DUT TC à Valenciennes et une licence de marketing à l’IAE de Lille.
Le 4L trophy c’est quoi?
C’est une course/rallye de veilles Renault 4L que l’on trouve sur internet ou par des contacts, que l’on retape pour lui donner une nouvelle jeunesse, et beaucoup d’équipages customisent leur monture à l’image de leur équipe (4l barbie, schtoumph…). L’objectif de cette course est d’acheminer des fournitures scolaires aux enfants marocains défavorisés pour qu’ils puissent étudier dans de meilleurs conditions. Une partie de la somme de notre inscription sert aussi à la création d’écoles au Maroc. Cette course a un double sens : C’est un événement sportif où des milliers de jeunes de plusieurs pays (2500 soit 1200 4L environ il y a deux ans) se retrouvent pour effectuer en moyenne 7500 km sur 10 jours à travers des routes de montagnes, le désert des oueds (bac à sable dans le désert) pour traverser tout le Maroc et rejoindre Marrakech. L’autre sens de cette course est l’entraide, la solidarité, la remise en question de notre condition de vie en France lorsque l’on voit comment beaucoup de marocains vivent simplement avec peu, et avec la famille, le respect et le partage comme valeurs principales.

Quel est l’esprit qui y règne ?
Le 4L trophy est une expérience unique en son genre surtout pour les jeunes. C’est une course qui mélange le sport, la mécanique, la solidarité, l’entraide entre les participants, mais aussi au niveau des populations locales que l’on rencontre tout au long de la course.
Qu’est ce qui t’a donné envie de participer au 4L Trophy ?
Lorsque j’ai participé au 4L Trophy il y a deux ans c’était la 16 ème édition. Il y avait plusieurs années, étant plus jeune, j’entendais parler d’une course “4L trophy” réunissant des étudiants partant en 4L faire la course dans le désert ! C’était alors une évidence pour moi d’y participer un jour et de rouler dans le désert comme ce que l’on peut voir lors du Dakar. L’idée commençait à s’éloigner car les études post Bac prenaient du temps…
En deuxième année de DUT TC nous devions reprendre un projet “tuteuré” des élèves terminant le DUT. A ma grande surprise une association “Val des Sables” était présente et cette association correspondait au projet tuteuré pour faire le 4L Trophy ! Je n’ai pas hésité une seconde car c’était un projet que tout le monde voulait mais 4 équipages de deux personnes seulement seraient sélectionnés. Un ami passionné de veilles voitures et moi même avions donc décidé de se lancer dans l’aventure du 4l trophy en présentant un dossier de candidature solide qui avait été retenu par l’établissement, l’aventure pouvait donc commencer !
Comment organise t-on la participation à un tel événement ?
La participation à un événement d’une telle envergure demande beaucoup de d’organisation, de motivation et de sérieux, car il prend énormément de temps en plus des cours, et parfois lorsque la projet était en perte de vitesse la perte d’énergie et de motivation se faisait ressentir. Notre association était composée de deux équipages donc 4 personnes. il y avait Kevin mon copilote qui était le président de l’ association et chef de projet. Le projet nous a pris environ 8 mois pour être bouclé. La plus grosse partie et la plus complexe était la recherche de sponsors pour nous financer et partir sur les routes marocaines. Nous avions établi un budget d’environ 7700 euros, cela comprenait : l’achat de la voiture, l’inscription (environ 3100 euros), gérer la partie administrative (assurance, banque, préfecture pour les passeport, l’inscription et tout les documents demandés). trouver des sponsors pour pouvoir acheter la voiture, financer les réparation et la préparation de la voiture, payer le carburant, et avoir une marge de sécurité en cas de problème mécanique durant le circuit.

Il a fallu préparer la voiture pour qu’elle soit au normes de sécurité du 4l trophy …
En plus des sponsors nous avions organisé une soirée étudiante dont le but était de récolter des fonds supplémentaires et nous avions eu l’accord d’Auchan Englos pour exposer notre 4L dans la galerie marchande les samedi de Noël pour animer, présenter notre projet et récolter des fonds encore une fois.
Nous avons aussi du nous organiser sur l’achat du matériel (pièces de rechanges) au cas ou nous avions un soucis technique ou mécanique là-bas. Pour la petite anecdote en pleins milieu du désert voyant certaines 4L en réparation avec des parties de moteurs en pièces de rechange dans le coffre, nous nous étions regardés avec Kevin et rions en espérant qu’il ne nous arrive rien. Nous n’avions que des petites pièces de rechange du style carburateur, durites, roues de secours et un ventilateur mais rien d’extraordinaire comme certains équipages !!
En ce qui concerne les compétences mécaniques personnellement je n’y connaissais rien, Kevin était un peu plus calé. Heureusement pour nous, un ami participant à la course, « Julien », vérifiait régulièrement notre voiture pour s’assurer qu’elle soit en bon état.
Pour les personnes qui n’y connaissent rien comme moi, il ne faut pas que la mécanique soit un frein pour faire l’aventure ! La solidarité entre équipages est vraiment présente et sur le bivouacs vous avez des stands de réparation avec des mécanos qui font des merveilles et redonnent vie à votre 4L ! De plus durant la course, qui au passage n’est absolument pas une question de vitesse mais d’orientation, des équipes d’encadrement tournent et veillent à la sécurité de tout les équipages.
Concrètement, une fois au volant, que se passe-t-il ?
Je me souviens de la veille du départ… Je n’ai pas dormi de la nuit (mélange d’excitation et de stress avant le départ) ! Puis le départ sous la neige pour récupérer nos camarades et faire la route ensemble jusqu’au parc du futuroscope à Poitiers pour faire enregistrer et valider notre 4L avant de prendre la route jusqu’au Maroc en traversant Espagne.
La première grosse émotion ressentie aussi bien par mon copilote et nos amis dans les autres 4L était au moment de partir du futuroscope. Des centaines de 4L se suivant sur le départ klaxonnent en pagaille, musique à fond, chant, cri, joie ! Des centaines de personnes étaient venues nous encourager et à ce moment là toute la pression des 8 mois passés est remontée d’un coup. Les larmes sont montées, nous nous somme regardés, une poignée de main et on s’est dit : “ Nous y sommes arrivés… On y va pour de vrai !! ” . C’est à ce moment que nous avions réalisé que l’aventure 2013 c’était nous qui allions l’écrire ensemble et avec les 1200 autres équipages .

En quoi le 4L trophy est-il une aventure particulière à l’étranger ?
C’est une aventure unique en son genre ! Nous nous coupons totalement du monde nous vivons entre trophistes et marocains. Un mélange de fête, de partage, d’entraide, de découverte de paysage à couper le souffle, apprendre à vivre avec les coutumes et usages qui sont totalement différents de chez nous. C’est l’expérience d’un mini Dakar avec ses amis, en haut d’une dune le soir regardant le coucher de soleil et réaliser la chance unique dans une vie de pouvoir faire cela.
Quels rencontres ou souvenirs vous ont marqué à l’étranger ou avec des locaux ?
Des souvenirs il y en a tellement… Avec les marocains c’est la joie de vivre ! Sur notre camps nous avions fait la connaissance de berbères autour d’un feu le soir, écoutant leurs histoires et traditions autour d’une shisha sous un ciel éclairé d’étoiles. Celui qui me restera à l’esprit toute ma vie c’est le courage que les enfants marocains font preuve. Un matin très tôt nous étions sur la dernière épreuve; un marathon de désert et de route pour rejoindre Marrakech. Dans le désert nous avions croisé des petits villages typiques du désert et des enfants marchant le long de la route dans le sable pour rejoindre le village voisin à plusieurs kilomètres pour aller à l’école. Nous devions attendre plusieurs équipages en retard pour le départ et avec Kevin et nos amis nous avions décidé de descendre et de partager un moment avec eux. Une partie de passes avec un ballon avait alors été improvisée et le moment le plus drôle et chargé de souvenir était lorsque nous avions mis la macarena à fond dans la voiture et que nous tentions de leur apprendre à danser dessus! Un bon moment de partage avant de repartir sur les routes nous menant à Marrakech.

Une anecdote ou un moment particulier à nous raconter ?
Des anecdotes il y en a tellement ! La première au tout début de la course, quand nous sommes arrivés sur le sol marocain nous devions rouler sur plusieurs centaines de kilomètres avant d’apercevoir enfin le sable et de rentrer dans le désert. A ce moment là nous étions tous devenus fous. “Enfin” sur le sable tant attendu. Les moteurs grondaient et une course improvisée dans le sable avait commencé ! Nous avions donc suivi et nous étions surnommés pilote steeve McQuenn Pour Kevin et Sébastien Loeb pour moi même et nous commentions la course en même que nous doublions des voitures ! A un moment on ne voyait plus rien à cause du sable et on avait décidé de se décaler du chemin pour doubler tout le monde et éviter de s’en prendre plein le pare-brise. C’était sans compter un grand trou suivi d’une bosse que nous n’avions pas vu et pas eu le temps d’éviter ! La voiture à commencé à voler sur quelques mètres, atterrissant sur les deux pneus d’un côté comme dans les films, et finit par se remettre sur ses 4 roues… Ensuite gros silence pour se remettre du choc assez violent et nous nous sommes regardés, puis un éclat de rire avait commencé ! 10 minutes plus tard nous rigolions moins… un peu paranos nous entendions des bruits partout dans la voiture et avions peur d’avoir finit la course avant même de l’avoir commencé ! Au final une petite vis à resserrer rien de plus. Au moins on sait ce que c’est que de voler en voiture !
Une deuxième anecdote restera le ROADBOOK. Au début de la course un roadbook nous était distribué pour pouvoir nous diriger avec notre boussole et ce livre. Nous avons été sérieux les 30 premières minutes de la première étape, suivant scrupuleusement les kilomètre et la direction à suivre. Et bien même comme cela nous nous sommes trompés et perdus. C’est à ce moment là que nous avons pris une décision importante pour le reste de la course : le Roadbook toujours sous les fesses du copilotes pour le reste de la course ! Nous ne nous sommes jamais plus servis du livre durant les 8 autres jours, ! La technique c’était soit tout droit ou alors : “ Regardes ceux de devant ils ont l’air de connaître la route ! Plusieurs voitures vont par là donc ça doit être la direction ! ” Malheureusement parfois ces voitures étaient tout aussi perdues que nous en pleins milieu du désert et là c’était au feeling et en croisant les doigts !
Qu’est ce que t’a apporté ta participation au 4L Trophy ?
L’aventure m’a apporté énormément ! Sur le plan humain, j’ai vécu une expérience incroyable unique et magique en terme d’amitié avec Kevin. Nous avons eu quelques galères là-bas nous avons peu dormi énormément roulé, mais tellement de souvenirs de partage avec différents équipages, de paysages, de rencontres avec les locaux… Celà m’a aussi appris à prendre du recul sur la chance que nous avons en France où dans d’autres pays, nous prenons pleins de choses pour acquis alors que dans certains endroits su Maroc rien de cela n’existe. Ça forge le respect envers ces personnes qui sont tellement humbles. Cela laisse à réfléchir sur nos conditions de vie en occident.
Au final, quels sont tes conseils pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure ?
Allez y foncez !! Ce sentiment de liberté que nous avions là-bas est une expérience qui restera gravée ! Vous ne connaissez rien en mécanique ? Il ne faut pas que cela soit un frein, tout le monde vous aidera, au sein des trophistes il y a tellement de solidarité ! En 2013, nous avions récolté 80 tonnes de fournitures et accessoires pour les enfants marocains, à vous de prendre la relève et de participer à cette course unique et magnifique !

Publié par Alexandre
Co-fondateur de "Jeunes à l'étranger". Pendant mes études, j'ai étudié un semestre au Mexique, réalisé un stage de 6 mois dans la finance à Londres et fait un stage en import/export en Espagne.