Justine est partie étudier aux Etats-Unis avec le programme AFS à l’âge de 15 ans ! Elle nous en dit plus sur comment elle a pu partir là-bas, son expérience en famille d’accueil et le système scolaire américain.
Justine, peux-tu nous en dire davantage sur toi ?
J’ai eu la chance de pas mal voyager avec ma mère et cela a contribué à ma perpétuelle envie de découverte avec tout ce qui ne parlait une autre langue que la mienne. Je suis une curieuse des gens et j’aime entendre les histoires et découvrir les cultures de chacun. Les langues étrangères m’ont toujours fascinée également et sur les conseils de ma prof d’anglais de lycée j’ai décidé de m’embarquer à l’étranger avec l’organisme AFS. Depuis j’ai fait une LLCE Anglais au cours de laquelle j’ai fait un Erasmus à Berlin, puis enfin le Joint Master en études anglaises et américaines qui m’a permis de vivre six mois à Venise. J’espère m’envoler pour d’autres horizons bientôt en tant qu’assistante de français.
En quoi consiste le programme AFS et ses avantages pour les jeunes ?
Le programme AFS permet à des jeunes de 15 à 18 ans de partir vivre 3 mois, six mois ou un an dans un des cinquante pays partenaires, et cela tout en étant accueilli par une famille bénévole. C’est un réel challenge chaque année de trouver des gens qui sont prêts à ouvrir leur porte par générosité et curiosité à des inconnus ! On vit notre vie de lycée totalement immergé dans la culture locale et la langue. Le programme est payant mais les familles ne sont pas payées. Il existe aussi une aide financière pour ceux qui en auraient besoin.
Le but est de rester un an avec la famille qui nous aura été attitré en correspondance avec les préférences émises (famille avec/sans enfants, mono-parentale ou pas..). Durant le séjour nous avons un référent et des weekends avec les autres AFSeurs/euses sont organisés tous les trois/quatre mois. De plus, s’il y a un sérieux problème, on peut changer de famille. Aussi, on ne rentre évidemment pas chez soit de tout le séjour et on ne reste pas accroché au téléphone :).
Est-ce que ce n’est pas un peu compliqué à gérer de partir à l’étranger pour un an quand on a 15 ans ?
J’étais en effet à la limite de la fourchette d’âge et la plus jeune à partir. Je sortais du collège. Généralement, les gens le font après la seconde. Chacun doit faire comme il le sent. Pour moi, je ne changerai rien. Je n’ai pas du tout regretté, sauf peut-être simplement car je n’ai pas eu la “graduation” car j’étais dans une classe en dessous. Tout est dans la tête.
Pourquoi avoir décidé d’aller aux États-Unis pour cette année ?
Ayant déjà été aux USA deux fois car ma mère y a gardé des amis de ses deux ans passés à l’université là-bas j’étais naturellement contaminée par sa passion pour ce pays et ses paysages. Avec le recul, bien que je ne regrette rien, j’aurais aimé partir dans un pays dont la langue aurait été plus difficile à apprendre car je pense que l’anglais, quoi qu’il arrive, je l’aurais appris un jour ou l’autre. Ou alors un pays d’Amérique Latine. Mais les États-Unis m’ont énormément plu et ça reste une des meilleures années de ma vie.
Comment cette année dans l’Illinois s’est-elle passée ? Qu’en retiens-tu?
Je retiens des rencontres inoubliables, des expériences très différentes (aller à l’église presbytérienne tous les dimanches pour une athée et se retrouver une semaine en camp d’aide aux personnes défavorisées entourés de 400 chrétiens peut être surprenant mais c’était génial!). L’ouverture et le contact facile avec les gens me manquent beaucoup. L’année rythmée avec les fêtes et leurs décorations parfaites et adaptées. Et surtout de m’être sentie vraiment intégrée et membre de la famille.
Que peux-tu nous dire sur la vie de lycéen aux États-Unis ? Qu’est ce qui change par rapport à la France ?
Tout. les relations profs-élèves. Les cours proposés. Les activités proposées après les cours. Le campus où l’on vit. La nourriture (déjeuner à 10h30 parfois…). Principalement, à tout point de vue, le système scolaire américain m’a énormément plus. J’ai eu l’impression d’apprendre avec plaisir, et en plus de cela de faire des activités autres que purement cérébrales dans l’enceinte de l’établissement est un réel luxe. Mon lycée était très axé musique/théâtre et sports. J’avais “chorale” et “orchestre” comme cours à part entière dans ma journée, tous les jours. Et surtout, participer à la comédie musicale “Les Misérables” produite cette année la reste un souvenir incroyable. Le talent, la passion des jeunes et des profs à passer leur après-midi à monter ce projet était une joie. Avoir une salle de spectacle digne d’un théâtre municipale en France. Avoir l’opportunité de participer à des activités aussi variées sur place après avoir terminé les cours à 13h30 était un réel bonheur.
Avec le recul des années, comment qualifierais-tu les habitants de l’Etat de l’Illinois ?
Je ne pense pas que je puisse généraliser. Comme beaucoup d’endroits aux USA, les gens sont d’ailleurs. Mêmes si beaucoup de mes amis étaient de l’Illinois. Mes parents d’accueil également. Les gens ont toujours été accueillants et gentils, et curieux aussi. Ayant eu une vie très centrée sur le lycée (car nous n’avons eu que quelques jours de vacances dans l’année) et n’ayant à l’époque pas l’âge (selon ma famille d’accueil) de me balader seule à travers l’état, j’aurais du mal à donner un qualificatif précis. Les Etats-Unis sont gigantesques, il en est de même pour l’Etat et ses habitants. Sur les américains en général, ce qui me marque le plus est leur côté religieux, beaucoup plus présent et courant que chez nous en France et la facilité avec laquelle les gens entament une conversation et vous invite chez eux.
Qu’y a t-il à voir et à faire à Edwardsville et à proximité ?
L’Illinois et Edwarsdville sont proche du Missourri, état connu pour sa politique en faveur de l’esclavage. Il y a donc pas mal de sites historiques. La Road 66 traverse Edwardsville. Il y a près de Saint Louis une petite montagne qui aurait été à l’époque un village d’Indiens d’Amérique. A Saint Louis, il y a bien sûr l’équipe de Baseball “The Cardinals” qui sont pas mals et le stade Bush Stadium. De beaux parcs d’attractions. le “Saint Louis Arch” un arc dans lequel on peut monter et qui est l’emblème de la ville. Le centre-ville est très sympa il y a beaucoup de bars et de musique, et c’est aussi un arrêt pour les fameuses comédies musicales qui sillonnent le pays avec son Fox Theatre.
Il y a un très beau musée et jardin botanique à Saint Louis ainsi qu’un City Museum unique en son genre. Sinon, c’’est très plat et il y a beaucoup de marais et de verdures et de champs de maïs à perte de vue! Bien entendu, Chicago n’est qu’à 5h, qu’à car pour eux ce n’est rien et on y est allé pour un weekend de temps à autres. Très agréable.
Au final, qu’est-ce que cette année a pu t’apporter pour la suite de tes études et de ta vie ?
Cela a défini les études que j’ai choisies et a été un tremplin dans mon ouverture aux autres (parler anglais c’est quand même pratique) et aussi cela m’a donné l’envie d’apprendre d’autres langues. Je garde avant tout des amis très chers, une famille de coeur de l’autre côté de l’Atlantique. Ils sont venus me rendre visite, le père de mon père d’accueil ayant fait le débarquement, accueillir une Normande, c’était symbolique. Et surtout, apprendre à s’adapter, sans juger.
Qu’est ce qui a été le plus difficile à surmonter et comment t’y es-tu prise à l’époque ?
J’ai eu un grave accident de trampoline et j’ai dû porter un corset pendant trois mois. Ma famille d’accueil a eu aussi peur que moi. Il y a eu l’hôpital etc…. Mais tout s’est bien passé. J’ai enfreins l’avis de mon médecin pour le Bal de Promo afin de ne pas gâcher ma robe avec un corset en fer…
Aussi, se faire disputer par sa famille d’accueil car je ne les avais pas prévenus que j’allais rentrer tard avec des amis un soir a été la seconde chose la plus traumatisante. D’un côté, ça m’a donné aussi l’impression d’être traitée comme leur fille. Je me suis excusée, chose que je n’osais pas forcément faire, par pudeur, avec mes parents.
Enfin, as-tu des conseils à donner pour tous les collégiens et lycéens qui envisagent de partir à l’étranger comme toi ?
En France on veut tout faire très vite surtout en matière de scolarité. Prendre un an à l’étranger m’a retardée d’une année en terme scolaire en France. Et cela peut en arrêter certains. Pourtant c’est tellement enrichissant et cela peut aider certains à mûrir afin de savoir plus clairement vers quelle voie ils désirent ensuite se tourner. Savoir quelle filière on veut faire à 15 ou 16 ans c’est pas facile. Faire ça entre la 2nd et la première est vraiment une bonne idée je trouve, car on a un pied dans le lycée français et on peut comparer. Pour ma part je sais que le choc de la découverte du système lycéen français et des journées interminables a été très dur après avoir vécu cette année aux USA.
Surtout, si vous avez l’envie de partir, agissez. En ce qui concerne le côté financier, il faut aussi se dire que pendant un an, nos parents n’ont pas a débourser trop d’argent pour nous à part l’argent de poche.
Avant tout, s’ouvrir à ce qui est autre, à ce qui est différent, et apprendre à l’observer, l’accepter sans juger hâtivement est un précieux apprentissage. Nous sommes ce que nous sommes car nous sommes nés à un endroit. L’acquis nous forme tellement. Se confronter à d’autres moeurs, d’autres croyances, d’autres idées de ce qui est “normal”, “poli”, “approprié”, “drôles”, est formateur. Toujours se rappeler que nos jugement sont subjectifs. C’est important. Alors prendre 3 ou 6 mois ou un an de sa vie pour la rencontre d’une autre vie ne sera jamais perdue.
Crédit photo : toutes les photos appartiennent à Justine

Publié par Alexandre
Co-fondateur de "Jeunes à l'étranger". Pendant mes études, j'ai étudié un semestre au Mexique, réalisé un stage de 6 mois dans la finance à Londres et fait un stage en import/export en Espagne.