Bonjour Victoria, tu as 23 ans et tu es partie travailler en Allemagne. Tu peux revenir sur ton parcours ?
En fait, j’ai un peu un parcours à la carte. J’ai débuté par un DUT pub sur Caen, j’ai enchainé avec une licence sur Toulouse puis une licence pro en alternance à Paris Descartes. Au cours de mes études, j’ai choisi d’accumuler les stages (7 au total) pour m’assurer un maximum d’expérience pro. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de partir étudier en Erasmus, c’est pourquoi j’ai choisi de partir à l’étranger une fois mes deux licences en poche. J’avais les yeux tournés vers le Canada, mais en attendant de pouvoir décrocher un PVT je suis partie en Allemagne à Berlin, pour seulement quelques mois à la base. Puis le charme a opéré : j’y suis depuis 1 an et demi.
Tu as choisi de travailler en Allemagne, pourquoi ce pays ?
Je fais partie d’un jumelage franco-allemand entre deux équipes de foot depuis 10 ans maintenant. C’est vraiment une expérience exceptionnelle. Je suis donc en contact avec des familles allemandes depuis un bon bout de temps et cette expérience m’a offert la possibilité de partir de temps en temps de mon plein gré. Je dois avouer que ça m’a beaucoup motivé pour apprendre la langue. Je connaissais l’Allemagne de l’Ouest et Berlin est une ville hyper intrigante. C’est totalement différent.
Comment as-tu trouvé un emploi en Allemagne ? Est-ce que c’est facile ?
A la base, je profitais de mon dernier mois de vacances pour postuler au Canada. Voyant que les soucis d’obtention de visa freinaient pas mal les employeurs, j’ai envoyé quelques mails pour répondre à des offres de stages sur Berlin. Ça ne me posait pas de problèmes de refaire un stage, qui soit temporaire. J’ai donc été prise dans une agence web, puis embauchée. Dans mon cas, ça s’est passé sans embuches. Mais je pense que ce n’est pas si facile de trouver un job fixe sur Berlin. Les français sont davantage recherchés dans l’Ouest de l’Allemagne, près de la frontière.
On dit que les allemands sont rigides et aiment l’ordre, as-tu quelque chose à dire pour aller au-delà de ce cliché ?
C’est difficile de parler des allemands en général. Mettre toute une population dans une petite boite, c’est assez délicat. Selon les villes, les mentalités et les styles de vie changent relativement. Berlin est devenue la capitale internationale du hipster, du club mate et de la bionade. Affirmer que les Berlinois soient rigides, c’est compliqué. La chute du mur permet à la population de jouir d’une certaine liberté, qu’elle soit artistique ou traduite tout simplement à travers le mode de vie adopté. Pour ce qui est des clichés, ils ne sont pas tous ordonnés même si la plupart attend pour traverser et reste ultra-ponctuel. Il suffit de sortir pour voir ô combien la nuit, les berlinois et autres clubbers allemands sont totalement déjantés. Personnellement, je trouve que la population berlinoise, aussi hétéroclite qu’elle puisse être, est tout simplement passionnante à observer. D’un point de vue général, les gens paraissent plus relax et certainement plus heureux qu’à Paris. Historiquement parlant, Berlin reste une ville riche en péripéties, divisée puis réunie. Le clivage Est-Ouest est aujourd’hui encore très marqué et assez frappant. S’ils sont bien tous allemands – bière en main – l’influence communiste subsiste à l’Est et la construction d’une identité européenne les aide tous à aller de l’avant.
Tu es aussi partie en échange dans le cadre du programme Brigitte Sauzay, peux-tu nous en dire plus ?
En seconde, je suis partie en Allemagne deux mois dans le cadre du Programme Brigitte Sauzay. Malheureusement souvent méconnu et très rarement proposé aux lycéens, ce programme consiste à mettre en place un échange franco-allemand. Je suis donc partie en immersion totale (école comprise) chez mon correspondant du côté de Paderborn. J’y suis restée deux mois, puis il est venu en France pour la même période. Pour une première expérience à l’étranger, c’était hyper enrichissant. J’étais déjà partie en Allemagne, mais jamais aussi longtemps. Quand tu as 15 ans, tu apprends bien plus rapidement et ça m’a permis d’emmagasiner beaucoup de vocabulaire et naturellement de vivre une expérience vraiment extra. Je trouve regrettable que les lycées ne fassent pas plus attention à ce type d’échange, qui représente une mine d’or pour les étudiants et un sacré plus pour leur cursus.
Enfin, tu as créé le site bwing.fr où tu partages des conseils et des témoignages sur l’expatriation. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qui t’as amenée à créer ce site ?
En alternance sur Paris, j’avais envie de partir travailler à l’étranger une fois diplômée. Dans un premier temps, j’ai fouiné dans les offres de VIE. J’ai postulé à plusieurs volontariats ici et là – Seychelles, Antananarivo, Saint Vincent les Grenadines… En candidatant et en cherchant des infos sur les différentes villes, je me suis rendue compte combien il était impossible de trouver des informations concrètes sur telle ou telle destination. Les grandes villes comme Berlin, Londres ou Rome possèdent certes leur quota d’informations pratiques mais lorsqu’il s’agit d’Uberlandia, de Dundalk ou de Ljubljana, ça devient bien plus complexe. Aussi, le manque de renseignements de la part d’organismes sérieux et renommés sur les différents programmes qui facilitent l’expatriation m’a particulièrement choquée.
Via Bwing, je souhaite donc offrir aux futurs expats francophones, les informations dont ils ont besoin pour s’expatrier : programmes mis en place, modalités administratives, infos utiles, témoignages pratiques… Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes diplômés cherchent à passer les frontières en quête d’une nouvelle expérience. Si l’étranger fait rêver, mieux vaut être réaliste et savoir à quoi s’attendre une fois sur place. Les apparences et promesses peuvent être trompeuses. Certains endroits qui offrent de véritables opportunités méritent d’être connus par rapport à d’autres.
Travailler en Allemagne, pour en savoir plus :
Le site de Victoria, Bwing.fr :
Publié par Bérénice
Co-fondatrice de "Jeunes à l'étranger". J'ai étudié 1 an au Japon, 1 an en Angleterre et j'ai fait un stage à Berlin dans le webmarketing.